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Charlotte Gainsbourg: dans l'antichambre des débutants.

today27/04/2010

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À l’évidence, l’événement culturel du week-end à Montréal est cette rencontre au sommet entre l’admirée française et ses admirateurs québécois, rencontre prévue vendredi et samedi à l’Olympia. Force est de constater qu’on ne se masse pas au pied d’une scène où se produit Charlotte Gainsbourg afin de s’y extasier devant son talent de chanteuse. Pourquoi alors? [caption id="attachment_4857" align="aligncenter" width="300" caption="Photo: archives AP"][/caption]

On s’y retrouve pour y vivre une expérience humaine en direct, à ses côtés. Ressentir sa présence en chair et en os. La voir sourire. Boire ses propos d’une humilité et d’une tendresse sincères, l’entendre nous confier ses appréhensions montréalaises et, par voie de conséquence, le report de son escale initialement prévue en janvier. L’entendre même évoquer son père et sa première visite au Québec alors qu’elle n’avait que 12 ans. Il va sans dire, on s’y trouve pour lui transmettre tout ce capital de sympathie engrangé pour elle, ce carburant dont elle a grandement besoin afin d’accomplir ce qu’elle a à accomplir devant nous. Bien sûr, on peut s’en tenir à cette relation affective et rester embué dans le mythe de Charlotte Gainsbourg et de ses antécédents familiaux. Et sortir de ce spectacle avec le sourire en se disant, que c’était super de la voir, et que le reste n’était que valeur ajoutée. Dans cette même optique, on ne peut diviser la femme en chanteuse et en actrice, la musique et le chant faisant désormais partie de cette personne attachante et d’autant plus douée. Vraiment? On peut aussi s’interroger sur cette indissociabilité, avec tout le respect qu’on doit à Charlotte et aux très bonnes notes qu’on a accordées à ses albums – le récent IRM, matière principale au programme, et aussi 5:55 dont elle a repris quelques titres. C’est du moins ce que j’ai fait ce vendredi, dans un Olympia plein à craquer. Oui oui, m’est revenu à l’esprit que Charlotte est une comédienne d’exception. Une chanteuse, maintenant? Hmm… Non. Du moins, pas encore. Musicalement, l’artiste française a certes le raffinement de ses parents, en plus de manifester sa propre vision de la musique plutôt que de s’en tenir au patrimoine familial. C’est qu’il faut avoir du goût pour travailler avec Nigel Godrich, Air et Beck. Pour embaucher un groupe américain de ce niveau (l’entourage de Beck, on l’a déjà dit), il faut un discernement certain.  Or, si Charlotte a réussi à imposer ses ambiances, y faire triompher l’interprète malgré les limites de son organe vocal (un euphémisme) et sa petite expérience de chanteuse, elle n’y arrive pas sur scène. Encore en proie à un (petit) syndrome de l’imposteur qui la gèle? Ça ressemble à ça…  Quoi qu’il en soit, Charlotte Gainsbourg s’est finalement laissée convaincre par de grands artistes de la musique (à commencer par Beck) qu’elle pouvait assurer sur les planches. Elle a fini par se mouiller, prendre son courage à deux mains et voir si elle se sentait bien devant un public avec un micro dans les mains… et même des baguettes pour tapocher et des petites machines pour faire de petites notes. C’est, je suppose, ce que ses inconditionnels ont applaudi vendredi et samedi à l’Olympia de Montréal. Visiblement, ils se sont réjouis de cette performance… de débutante. Complètement figée pendant la majeure partie du spectacle (les trois-quarts ou les quatre cinquièmes ?), perdue dans le son étouffé d’un groupe qui devait se retenir pour ne pas l’enterrer (enfin, c’est ce que je suppose), repliée sur son micro, le dos voûté, Charlotte a passé le plus clair de son temps à se dissimuler dans la musique. Non, je ne suis pas de ceux qui y verront une esthétique de la retenue, un angle d’expression volontairement choisi. La principale intéressée résumerait les choses ainsi et j’aurais beaucoup de mal à la croire. Son filet de voix n’a pris de mieux que vers la fin de son premier spectacle montréalais. À mon sens, ce n’est que lorsqu’elle a entonné L’hôtel particulier, un classique du regretté paternel, qu’on a senti quelque chose se déclencher. On aurait dit que Charlotte avait saisi qu’elle pouvait ouvrir le thorax, respirer à pleins poumons et… chanter plutôt que rester dans son huître. Chanter encore plus fort au dernier rappel, un autre classique de papa Serge – Couleur café. Et même faire de la percussions sur l’arrangement «machine à boules» (que les cousins nomment flipper) du Chat du café des artistes prévu pour la tournée. Ce petit déclenchement lui vaudra peut-être une bien meilleure performance samedi, alors que des personnalités locales seront présentes dans la salle – des noms circulent; Charlebois, Ferland et Florence K auraient confirmé d’autant plus que maman Jane Birkin et ses propres enfants sont aussi à Montréal pour y passer quelques jours. Qui sait? Peut-être a-t-elle trouvé hier une clef pour entrer dans une nouvelle pièce… et quitter pour de bon l’antichambre des débutants. Alain Brunet La Presse (extrait de Cyberpresse)
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Écrit par: Jean-Claude

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