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    Le Rock chez les Soviets.

Artistes

Renan Luce

today20/02/2007 16

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Tout commence comme un western en chambre, une chevauchée apprivoisée, une sombre et drôle histoire de voyeur racontée, caméra subjective au poing, par lhomme qui nous intéresse ici. Renan Luce préfère donc « aux voisins les voisines », et à en juger par son goût des rythmiques qui trottinent, galopent ou semballent carrément, il a peut-être appris la musique en regardant, deux trous découpés dans les draps, John Wayne sillonner la vallée, Charles Bronson rissoler pendant des heures au soleil ou Lucky Luke seffacer à contre-jour sur lhorizon. Poor lonesome cowboy ? Sa chanson Repenti nous le confirme, et le goudron et les plumes de la pochette également, Renan Luce aime endosser des rôles plus grands que lui, sentir le frisson de laventure lui rebrousser les poils. Il aime aussi la poésie et la dérision, et puis chanter à sen faire dérailler la voix des petites histoires étonnantes à lintérieur desquelles on se sent immédiatement à laise, cueillis toutefois par leur charmante virtuosité. Mais revenons au western, puisquil se trouve que Renan est originaire du Far West français, du Far Ouest si on préfère – de Morlaix pour être précis -, théâtre dune enfance tranquille et studieuse, souvent derrière un piano ou un saxophone. Dix ans de Conservatoire plus loin, ses envies le poussent hors des limites du classique. Son frère aîné poursuit une carrière de concertiste pendant que Renan bifurque vers les musiques légères, troque le piano contre une guitare et, presque sans complexe, commence à écrire. Il a 17 ans, beaucoup dillusions, mais il se rend compte assez vite quà trop tourner autour de son nombril, ses textes vont bientôt sy noyer dans lindifférence générale. Heureusement, il y a Georges Brassens, finalement le seul chanteur country français. Cette découverte encourage Renan à peaufiner ses chansons quil envisage désormais concises, érudites, un peu loufoques et surtout très libres. Tout séclaire subitement du jour où il décide de se mettre à distance raisonnable de ses histoires. En premier spectateur, il sétonne de leurs audaces, de leurs tournures folles, du sourire jamais facile quelles ont le pouvoir de faire éclore et aussi des petites émotions quelles transportent comme une précieuse offrande. Depuis quil laisse son imaginaire sécarquiller au fil de la plume, il ne connaît plus langoisse de la feuille blanche, il lui arrive en revanche de se mettre à sa place (Je suis une feuille), où de tomber amoureux sans honte dune femme de « lettre » qui ne lui était pas destinée. Usurpateur didentité occasionnel pour les besoins narratifs de ses chansons, Renan Luce possède en revanche une forte personnalité dauteur-compositeur qui rénove danciens canons de la chanson folk made in France (Le Forestier, Moustaki, Dick Annegarn) en leur faisant croiser ses héritiers récents les plus turbulents (Thomas Fersen, Albin de La Simone). Il a 26 ans aujourdhui, il a déjà écumé des scènes aux capacités extrêmes des bars borgnes à trois tables jusquau Zénith, en première partie de Bénabar. Lan dernier, il a proposé un rendez-vous dominical pendant trois mois dans un théâtre parisien pour y rôder un répertoire dont on commence, ici et là, à louer loriginalité, la subtilité mais également la manière unique dont la voix de Renan le transporte. Enfin, tout récemment, il a reçu une première distinction lors du très réputé festival Alors chante ! de Montauban, doù il est reparti lesté du prix le plus convoité : celui du public. Pour son premier album, Renan Luce na pas simplement cherché à reproduire une formule déjà validée sur scène. On en retrouve certes les ingrédients de base les guitares, la contrebasse, lorgue mais également une vaste palette dinstruments, de sons, décumes et datmosphères qui embrasent certaines chansons, en dégoupillent dautres, surprennent toujours par leur variété de timbres et de rythmes. Jean-Louis Piérot à la réalisation et Bruno Dejarnac à la prise de son et au mixage furent à ce titre des partenaires déterminants pour mettre un peu dordre dans les idées de Renan, lui qui cherchait notamment à retrouver les sensations chaleureuses de certaines productions folk des années 60-70. A écouter Lacrymal circus et son bastringue distingué, on reconnaîtra lempreinte lointaine de Tom Waits, tandis que I was here possède quelque chose de Dylan que peu de français avaient réussi avant lui à capturer. Scénariste pétri dempathie pour sa petite comédie humaine dont chaque personnage possède sans doute un peu de son ADN de Monsieur Marcel, le fossoyeur narcoleptique jusquà linsomniaque de Nuit blanche – Renan Luce sautorise un seul autoportrait frontal, le temps du voluptueux et tentaculaire Mes racines. Cette fois, il donne sans doute rendez-vous du côté de chez Ferré, surtout pour cette façon dêtre épique sans jamais tomber dans lemphase. Ce « savoir doser », cette façon doser aussi des formes musicales nouvelles pour chacune ou presque de ses chansons – avec toutefois une tonalité densemble aérienne et acoustique , cette écriture saillante, déjà unique, font que Renan Luce en impose demblée. « Cherche regard neuf sur les choses » dit Liris et la rose, la dernière chanson de son premier album. Ne cherchons plus.

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Écrit par: Jean-Claude

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